L'Étranger
Altérité, hospitalité, identité
Tel Janus, ces monstres ont le visage de l’autre et peut-être le mien...
Chacun peut dresser une longue liste de questions aussi sombres que cruciales pour notre civilisation. Des guerres mondiales et régionales aux mille persécutions et exactions du quotidien, des postures mortifères s’étalent envers les minorités dont nous avons le souci.
Comme d’autres ont dû le faire avant nous, nous voilà face à nos responsabilités de personnes ayant le pouvoir de penser, de parler et d’agir en étant entendues. Nous sommes confrontés à un thème pertinent, nécessaire, urgent.
Aimer son prochain peut paraître chose facile, mais aimer son lointain... Que pouvons-nous dire de ceux que nous fréquentons : adolescents, patients, élèves, conjoint, voisins… ?
Pourquoi nous dérangent-ils et, surtout, que dérangent-ils en nous pour justifier ces mouvements d'attraction, de rejet, de ségrégation, voire de haine ?
C’est là le devoir d’hospitalité, qui tente de répondre au dérangement suscité par la rencontre avec l’étranger. Ulysse, même rentré chez lui, demeure peu ou prou le hétérogène. Il faut comprendre ce que hospitalité veut précisément dire !
Surtout parce qu’elle amène à un autre incontournable, source de malentendus s'il en est l'identité. S’agit-il d’un trésor à sauvegarder jalousement ou bien d’une construction à jamais inachevée ? Après tout, s’il y a de l'autre, il y a du je et vice-versa. Rapport inextricable des frontières et des entrelacements entre moi et le monde, entre individu et collectivité, entre famille singulière et histoire sociale. Notre propre sentiment d'étrangeté nous renvoie à la grande figure de l'étranger, celle de Camus, sous-tendue par sa réflexion sur l'absurde. Nous en tiendrons compte tout au long de ces deux journées.
Reste à vérifier si, forts des savoirs d'une Histoire au fond pas si éloignée, nous aurons l’opiniâtreté, l’envie, le courage de répondre à ces nouveaux défis. Aucun de nos débats antécédents ne nous a paru aussi indispensable que celui-ci, c’est pourquoi nous espérons être nombreux au théâtre de l’Archipel pour des débats passionnés et féconds les 12 et 13 juin 2015.